Managers, ne cherchez pas à briller, rayonnez !

Soraya

Ce n’est un secret pour personne, le management traditionnel, descendant et contrôlant n’a plus sa place dans un monde dit VUCA (volatile, incertain, complexe et ambigu).

Une fois cette affirmation posée, comment faire pour savoir si en tant que manager, la posture est la bonne ? Comment y travailler ?

J’aimerais vous partager quelques critères qui amènent (selon moi et de manière non exhaustive) les managers à « briller » (c’est à dire à être mis en lumière par une source ou des éléments extérieurs) , vous décrire les effets néfastes que cela peut engendrer et enfin vous donner 5 clés pour adapter sa posture managériale et devenir un manager qui « rayonne » (c’est à dire qui a la lumière en lui et la donne sans compter !).

Un manager qui brille par son expertise

De manière générale, un collaborateur devient manager lorsqu’il est considéré comme l’expert de son domaine et à un niveau d’expérience tel qu’il est promu à cette nouvelle fonction, mais en moyenne, 58% d’entre eux ne sont pas formés à ce nouveau métier.

Tout ceci va amener ces managers à se sentir légitimes de micro-manager et d’affecter des tâches à l’équipe. Ils vont sans doute vouloir contrôler ce qui est fait, prendre les décisions à leur niveau pour l’équipe et valider la moindre initiative.

L’autre effet néfaste qui peut se révéler est le présentéisme stratégique. Les managers vont passer beaucoup de temps au bureau, se montrer pour valoriser les efforts qui incombent à leur positionnement.

Enfin, les journées des managers vont être marquées par un nombre important de réunions ce qui leur permettra d’être en capacité de contrôler et valider les décisions.

En quoi c’est risqué ? 

En adoptant cette posture, le manager risque de ralentir le système. En effet,  le fait qu’il soit dans le “contrôle et la validation” va ajouter une lourdeur au processus global et potentiellement créer des goulets d’étranglement. Cela risque également de décourager l’équipe, la déresponsabiliser et inévitablement la démotiver car elle ne disposera d’aucun levier et n’aura pas de liberté d’action. Généralement, les membres d’équipes finissent par avoir l’impression qu’on ne leur fait pas confiance.

Tout ceci aura forcément un impact négatif sur la qualité de la production de l’équipe et in fine sur la satisfaction des utilisateurs finaux.

Un manager qui rayonne

Voici quelques critères qui définissent selon moi un manager qui rayonne :

  • Il est conscient que les organisations d’aujourd’hui évoluent et qu’il doit évoluer également.
  • Il donne du sens en partageant la vision et la stratégie de l’entreprise.
  • Il accepte de ne pas savoir et est dans un état d’esprit de croissance (Growth mindset vs Fixed mindset)
  • Il offre un cadre à l’équipe dans lequel chacun est libre d’exprimer son potentiel. Il encourage et valorise les prises d’initiatives.
  • Il accompagne l’équipe dans son ensemble mais offre un accompagnement individuel à chacun pour l’accompagner dans le développement de ses compétences.
  • Il adapte son style de management en fonction des situations et en fonction des motivations intrinsèques de chaque collaborateur (16 désirs de base).
  • Il met en place une culture du feedback constructif et va chercher le feedback des autres pour se remettre en question et s’améliorer.
  • Il partage son expertise sans attendre que l’équipe suive ses recommandations.

En quoi ça aide ? 

Un manager qui adopte cette posture sécurise l’équipe en partageant clairement le cadre et les règles du jeu. Chaque membre de l’équipe est libre de s’engager et se sent valorisé et accompagné en fonction de ses besoins. La transparence est à tous les niveaux ce qui favorise la prise d’initiative et permet l’innovation.

Plus concrètement, des études du Business Agility Institue ont été menées pour montrer qu’une bonne posture managériale permettait :

+ 24% d’engagement

+17% de productivité

– 41% d’absentéisme

+ 10% de satisfaction utilisateurs

Comment passer d’une posture à l’autre ?

Clé 1 : Manager ou plutôt ménager ses émotions

La première clé est la prise de conscience et l’acceptation des émotions qui l’accompagne.

Avoir conscience qu’être manager est un métier qui demande un apprentissage et une expertise particulière. Ce n’est pas inné, ça se travaille.

Cette prise de conscience n’est pas évidente, elle peut générer de la frustration, de la déception et comme tout changement, générer de la peur qui peut pousser à la fuite, l’attaque ou l’immobilisation.

Accepter le fait que ces émotions ne sont que de simples signaux de notre cerveau primaire permettra de mieux les accepter et de passer à l’action.

Pour aller plus loin : se former à la communication non violente (CNV) peut être un premier pas intéressant pour exprimer sans jugement ses émotions et ses besoins.

Clé 2 : Dessiner son idéal 

Pour savoir quel manager devenir et dessiner son idéal, il est important de voir ce qu’il est possible en découvrant de nouvelles pratiques managériales telles que la délégation, la motivation, l’autonomisation, etc.

Voici quelques liens utiles : 

Libérer les énergies et responsabiliser les acteurs !
Comment motiver mes collaborateurs ?
Comment développer l’autonomie des collaborateurs ?

Un travail de visualisation permettra également d’ancrer cet idéal et le rendre accessible. Il faut savoir que le cerveau ne fait pas de différence entre une image suggérée et un souvenir réel. Le fait de décrire précisément son idéal, de le visualiser mentalement diminuera l’incertitude.

Exemple de questions à se poser pour visualiser son idéal : Quels changements seront visibles sur mon comportement, ma façon de m’exprimer, le ton de ma voix, mon regard, ma posture physique. Comment mon environnement sera autour de moi? Serai-je seul dans mon bureau ou au milieu de mes collaborateurs? …

Clé 3 : Avoir une attention focalisée sur son quotidien

Le changement de posture ne peut pas se faire du jour au lendemain de façon brutale. En parallèle de la phase d’apprentissage, une attention focalisée doit être portée sur le quotidien pour identifier les moments où la posture n’est pas adaptée, les éléments déclencheurs, etc. L’important ici est d’avoir une attention au quotidien sur la posture managériale pour mesurer l’écart entre la situation actuelle et l’idéal imaginé.

Exemple Chaque fin de semaine je fais le point sur toutes mes réunions passées,, la liste de mes tâches et j’identifie celles que j’aurais pu éventuellement déléguer. Je peux également dresser la liste des décisions prises qui auraient pu être décentralisées, etc.

Clé 4 : Stratégie des petits pas 

Durant la phase d’attention et d’observation, le manager aura identifié les axes à améliorer pour devenir un manager qui rayonne ! Il va alors prioriser les actions et faire des petits pas vers son idéal.

Pour cela, le PDCA (Plan, Do,Check, Act) peut être un outil intéressant pour la mise en place de l’amélioration continue.

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Exemple de petit pas : J’organise dans la semaine un atelier avec mon équipe pour identifier avec elle les tâches à déléguer en utilisant le DELEGATION POKER.

Clé 5 : Avoir un soutien extérieur 

Ce changement de posture managériale est un challenge important d’un point de vue personnel.

Au-delà de l’acquisition de nouvelles compétences, il y un autre volet à considérer qui est celui du « désapprentissage ». Du banc de l’école jusqu’à l’entreprise, des schémas se sont répétés, des automatismes se sont créés qu’il convient de déconstruire.

Pour relever le défi, le manager peut s’appuyer sur une communauté de pairs ou être accompagné par un coach professionnel qui aura les compétences pour l’accompagner de manière individuelle vers son idéal.

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